Du début de l’ère Chrétienne à nos jours…

Au Ve siècle, nous trouvons déjà des traces de colonies romaines dans notre région. Vers 1880 en égalisant la place devant la nouvelle église en construction, on découvrit trois tombeaux gallo-Romains. Dès cette période, un fortin existait sur le Roc St Jean, probablement, succédant à un « oppidum » romain, où quelques légionnaires tenaient garnison pour veiller à la sûreté des gués du Tarn.

Sous Charlemagne « EYSENA » était une des plus grandes vigueries* du Rouergue, elle s’étendait sur les territoires du Truel, Pinet et sur la montagne jusqu’à Bouloc, les Canabières et la Besse. Les viguiers, sous les ordres du comte de Rodez étaient chargés de lever des impôts, de recruter l’armée et de rendre justice.
La tradition dans le pays dit qu’il y avait jusqu’à huit mille habitants. L’importance venait probablement de la situation du château difficile à prendre. En effet, les historiens en évoquant ce dernier le qualifient de « place forte de commandement sur une montagne inaccessible ». À ces époques, les habitants se regroupaient autour d’un édifice sûr, pouvant les protéger face aux différentes invasions.

* Territoire de la province administré par un viguier.

Au XIIe siècle nous retrouvons des écrits mentionnant en 1135 le château « d’EYSENA » propriété du vicomte d’Albi qui tenait la terre du comte de Rodez. Durant la première moitié du siècle, la moitié de la seigneurie appartenait à la famille « De Caylus » (St Affrique) indivise avec Broquiès.

Au XIIIe siècle, la moitié de la seigneurie appartenant aux De Caylus passa au comte de Rodez ce qui donna naissance en 1271 à un vicomté lui appartenant qui comprenait le château du Roc St Jean, la moitié ouest d’Ayssènes, la paroisse de Saint-Rémy (la partie nord de l’actuelle commune du Truel). L’autre moitié du village, Vabrette et Coupiaguet demeura à la seigneurie de Broquiès. Dans Ayssènes, la grand rue faisait limite, d’où plus tard, deux communes : Ayssène – Broquiès et Ayssènes – La Besse.

Au XIV et XVe siècle, le vicomte d’Ayssènes – la Besse, comte de Rodez n’y venait que très rarement, il entretenait au château une garnison sous les ordres d’un capitaine. La comtesse Cécile fonda une chapelle en 1312 dédié à St Jean l’évangéliste. Le roi Charles VII fut de passage à Ayssènes le 13 mai 1437, il était en tournée dans le Languedoc pour organiser la lutte contre les brigands qui pillaient notre région. Durant cette période la famille de Combret régnait sur la seigneurie d’Ayssènes – Broquiès.
Vers 1445 Brenguier de Calmont construit la maison forte du Pouget et y vécu noblement et à la façon des nobles il fonda une chapelle dans l’église d’Ayssènes. En 1479 naissance de Eugène Salvanh architecte d’édifices religieux et notamment du clocher de la cathédrale de Rodez.

Le XVIe siècle à été marqué par les guerres de religions, la région d’Ayssènes ne fût pas épargné et la population de gré ou de force se convertis au protestantisme comme leur seigneur. En 1586 l’amiral de Joyeuse, beau-frère du roi Henri III, fut envoyé pour réduire les protestants du Rouergue. Il arriva à Ayssènes avec une armée de 10000 hommes et une dizaine de canons.

Le 29 octobre 1586 après avoir subi plusieurs revers et essuyé de nombreuses pertes, il mesurait l’ampleur de la tâche pour prendre le fort. Nous reprenons ci-dessous la fin de la lettre qu’il écrivit au roi de France le soir d’avant le siège. 

« Cependant sire, le dit d’Hautpoul (un de ses adjoints) vous pourra dire en quel lieu et quel estat il m’a trouvé, pour attaquer une place en ces montagnes du plus étrange accès que je crois qu’il y ait au monde. J’espère toutefois en avoir la raison et en sortir, combien que l’on me menace fort que les ennemis nous y veulent venir voir. Au camp devant Essayne, le XXIX jour d’octobre 1586. Votre très humble…Anne de Joyeuse. »

Le siège dura 6 jours, sans succès, le 6 novembre au matin les habitants du village réfugiés dans le château et les hommes de la garnison, avaient quittés les lieux dans la nuit pour se cacher dans les bois de nos montagnes. L’armée du Duc battant retraite fut harcelée par les soldats de la garnison et une bataille se déroula entre le Planol et St Victor, une cinquantaine de chevaux furent capturés et quelques hommes tués.
Au XVIIe siècle, ce fut une succession de prises et de reprises du château par les différents antagonistes catholiques et protestants. Richelieu ayant ordonné le démantèlement de ces places fortes, il fut définitivement détruit en 1629.
En 1650 l’actuel presbytère fût acheté à « Messire de la Fargue » pour y loger le curé, ses deux vicaires et son clerc. Au cours du siècle, la terre d’Ayssènes – La Besse appartenait au comte de Rodez et fût annexée à la couronne royale.

Au XVIIIe siècle, la révolution de 1789 ayant amené le chute de la royauté et l’abolition des privilèges, la nouvelle administration mit en place les communes et c’est ainsi que la seigneurie d’Ayssènes – Broquiès et le vicomté d’Ayssènes – La Besse ne formèrent qu’une seule et même commune avec le Truel. Le dernier propriétaire de la seigneurie d’Ayssènes était Lenormand d’Ayssènes, il possédait également l’hôtel particulier de Rodez ou siège actuellement la préfecture et le conseil général. En l’an II de la République (1793) suite à une décision de la convention, les clochers des 4 églises de notre commune furent démantelés.

Au XIXe, ce siècle, avec l’attribution des terres en pleine propriété aux paysans, permis le développement agricole de notre région, les terres furent défrichées et tous les lopins de terre cultivés. La population s’accru pour atteindre plus de 1000 habitants et en 1875 la commune obtiendra son indépendance telle qu’elle est aujourd’hui. L’actuelle église dont la construction débuta en 1891 remplaça l’ancienne église datant probablement du IXème ou Xème siècle, sa position perpendiculaire à l’actuelle obstruait l’entrée du village et elle était en mauvais état sans son clocher démantelé à la fin du siècle précédent.

L’église de Saint Rémy menaçant de s’effondrer fût interdite en 1867 par arrêté conjoint du Préfet et de l’évêque. Après d’âpres discussions entre les partisans de Costecalde et de St Rémy, le Préfet de l’Aveyron prendra l’arrêté autorisant la construction de la nouvelle église de St Rémy qui débutera en 1874 et s’achèvera en 1881. L’église de Vabrette a été reconstruite vers 1840 sur l’emplacement de l’ancienne. L’actuelle église de Coupiaguet a été construite à la fin du XIXe siècle.

Le XXe siècle sera marqué dans sa première moitié par un lourd tribu de notre commune aux deux conflits mondiaux : 61 soldats ne revinrent pas du front, soit près de 10 % de la population. Pendant la deuxième moitié du siècle, nos paroisses subiront l’exode rural, conséquence de l’industrialisation et de la mécanisation agricole. Il ne reste plus aujourd’hui de 210 résidents à l’année dans la commune d’Ayssènes, mais fort heureusement, le nombre de résidences secondaires est en constante augmentation ce qui triple la population en période de vacances.